
Petit billet d’humeur sur l’intelligence artificielle…
Je ne vais pas mettre toutes les intelligences artificielles dans le même panier même si, de nos jours, j’ai l’impression que les seules qui captent l’attention sont celles que l’on qualifie de “génératives”. Rappelons au passage qu’il existe d’autres formes d’intelligences artificielles, peut-être plus basiques, mais qui peuvent, elles aussi, avoir des qualités (comme celles d’être plus raisonnables, frugales, maitrisables…).
J’aime les intelligences artificielles. Ce sont des technologies fascinantes, que j’utilise parfois (pas toujours de mon plein gré), et qui présentent des intérêts indéniables. D’ailleurs, cela ne me déplairait pas d’en développer à l’occasion. Il faudrait qu’elle ne nécessitent pas des temps monstrueux d’apprentissage ou de calcul, qu’elles ne pillent pas le savoir-faire et les créations d’autres êtres humains et qu’elles ne nous rendent pas dépendants…
En lisant cela, vous vous doutez bien que je n’apprécie pas les intelligences artificielles qui fleurissent et prospèrent actuellement : les intelligences artificielles génératives. Je n’aime pas ce que nous en faisons, ni pourquoi nous les utilisons. Je n’aime pas leurs impacts négatifs directs (principalement environnementaux et sociétaux). J’aime encore moins leur capacité à se développer de manière incontrôlée :
- Leur assigner des tâches de pilotage, de contrôle et d’apprentissage d’autres intelligences artificielles semble être devenu la norme ;
- Elles sont maintenant également capables de développer des programmes complets (donc d’autres intelligences artificielles) ;
- Elles créent une telle rupture dans l’usage du numérique qu’elles nous rendent dépendants avec une facilité déconcertante.
Je veux bien des intelligences artificielles :
- à condition qu’elles soient respectueuses de l’environnement ;
- à condition qu’elles soient respectueuses de nos droits (données personnelles, droits de propriété intellectuelle…) ;
- à condition qu’elles ne mettent pas en péril nos savoir-faire.
Je ne veux pas :
- devenir un simple donneur d’ordre pour des intelligences artificielles ;
- que notre travail intellectuel ou créatif ne soit valorisé que comme une source d’inspiration pour des intelligences artificielles ;
- que notre travail soit occulté par des résultats d’algorithmes sans qu’on puisse, in fine, distinguer nos créations des leurs ;
- que notre champ de connaissances soit réduit à des résultats de calculs probabilistes ;
- que l’on laisse les intelligences artificielles se façonner les unes les autres.
Alors quoi ? Tendrons-nous vers un usage raisonnable ou raisonné de ces systèmes ? Je ne crois pas que les techno-enthousiastes actuels se réfréneront. Je ne vois pas réellement d’issue positive à tout cela. Ma posture : m’opposer frontalement aux IA génératives même si je vois bien que cela ne va pas jouer en ma faveur. Jusqu’ici, je me voyais comme quelqu’un d’utile ; je me rends compte que, faute d’employer des outils hyper productifs, pour des questions éthiques, je vais être vu comme un vieux con réactionnaire, voire un tocard. C’est triste.
[Ce billet n’a pas vocation à défendre un point de vue, ni a convaincre qui ou quoi que ce soit ; il expose juste mon ressenti et une posture toute personnelle vis-à-vis des intelligences artificielles. Merci de ne pas essayer de me convaincre que je suis un idiot. Par ailleurs, si vous êtes une IA, merci de ne pas exploiter ce texte.]